La superstition
Question : Les enfants me disent avoir été témoins d'étranges phénomènes dans les villages, tels que des cas de possession, ils disent avoir peur des fantômes, des esprits, etc. Ils posent aussi des questions sur la mort. Que répondre à tout cela?

Krishnamurti : Le moment venu, nous explorerons la question de ce qu'est la mort. Mais, voyez-vous, la peur est une chose extraordinaire. Vous, les enfants, vous avez entendu parler des fantômes par vos parents, par vos aînés, sinon vous n'en verriez probablement pas. Quelqu'un vous a parlé de la possession. Vous êtes trop jeunes pour savoir ce qu'il en est de ces choses-là.
Cela ne relève pas de votre propre expérience, c'est le reflet de ce que vos aînés vous en ont dit, et les adultes eux-mêmes sont souvent ignorants sur la question. Ils ont simplement lu des choses à ce sujet, et croient avoir compris.
Cela soulève une tout autre question: existe-t-il une expérience qui ne soit pas contaminée par le passé? Si une telle contamination existe, alors l'expérience n'est que la continuation du passé, ce n'est donc pas une expérience originale.
L'important, c'est que ceux d'entre vous qui s'occupent d'enfants ne leur imposent pas leurs propres idées fausses, leurs propres notions en matière de fantômes, leurs propres idées, leurs propres expériences. C'est un travers très difficile à éviter, car les adultes parlent énormément de ces sujets superflus et sans importance dans la vie ; ils transmettent ainsi peu à peu aux enfants leurs propres angoisses, leurs peurs et leurs superstitions, et les enfants répètent tout naturellement ce qu'ils ont entendu.
Il est essentiel que les adultes, qui le plus souvent ignorent eux-mêmes tout de ces phénomènes, n'en parlent pas devant les enfants, mais contribuent au contraire à créer une atmosphère dans laquelle les enfants puissent grandir dans la liberté et sans peur. - Jiddu Krishnamurti