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L'urgence du changement

Question : En vous écoutant, je ressens l'urgence de changer. Quand je rentre chez moi, elle s’éteint. Que dois-je faire ?

Krishnamurti: Que devez-vous faire ? L’urgence du changement est-elle due à l’orateur ou bien celui-ci l'influence-t-il ? Pendant que vous êtes ici, vous êtes poussés dans vos retranchements, mais quand vous partez, il n’en est plus ainsi. Cela signifie qu’on vous défie, on vous influence, on vous conduit, on vous persuade, et quand tout cela n'est plus, vous vous retrouvez à votre point de départ.


Que faut-il donc faire ? Essayons, s'il vous plaît, de trouver la bonne réponse. Que doit-on faire ? Je viens de loin à cette réunion. Il fait beau. J'ai dressé une tente et cela m'intéresse vraiment. J'ai lu, non seulement ce qui a été dit par l’orateur, mais beaucoup d’autres choses à côté. Je connais les concepts chrétien et bouddhiste, la mythologie hindoue, et j'ai également pratiqué plusieurs formes de méditation : transcendantale, tibétaine, hindoue et bouddhiste.


Mais tout cela ne me satisfait pas, alors je viens ici et j’écoute. Suis-je toutefois prêt à écouter absolument ? Je ne puis le faire si j ’apporte toutes mes connaissances ici avec moi. Je ne peux écouter ou apprendre, ni comprendre absolument si j'appartiens à quelque secte, si je suis attaché à un concept particulier et si je veux aussi ajouter quelque chose à ce qui se dit ici. Si je suis sérieux, je dois venir l'esprit libre, un esprit qui dise : « découvrons, pour l’amour de Dieu » et non : « je veux ajouter ce que vous dites à ce que je sais déjà ».


Donc, quelle va. être votre attitude ? L’orateur n'a jamais arrêté de dire : la liberté est indispensable. En premier lieu vient la liberté psychologique, et non la liberté physique qui existe dans les pays démocratiques, sinon dans les pays totalitaires. La liberté intérieure ne peut apparaître que si l'on comprend son conditionnement, à la fois social et culturel, religieux, économique et physique. Peut-on se libérer de cela, du conditionnement psychologique ? Moi d'abord, tous les autres ensuite !


La difficulté de tout cela est que nous nous crampons tellement aux choses que nous n'avons pas envie de lâcher prise. Ayant fait diverses études, on se sent attiré par une école particulière de psychologie. On a étudié de près la question, on lui trouve beaucoup de vérité et on y tient. Puis on vient ici et on écoute, et on y ajoute ce qu'on a déjà entendu, si bien que tout se mélange. Ne faisons-nous pas cela ? Nos esprits deviennent très confus. Pour le moment, pendant que vous êtes ici, cette confusion se trouve quelque peu mise à l'écart ou diminuée, mais quand vous partez, elle revient. Pouvez-vous en être conscients, non seulement pendant que vous êtes ici, mais quand vous êtes chez vous — ce qui est beaucoup plus important ?


Donc, qu’est-ce que tout cela indique ? Nous avons l’intelligence nécessaire pour résoudre des problèmes techniques — l’esprit qui trouve les solutions. Nous avons tous cette qualité, mais ce n'est pas l’intelligence. C’est l'aptitude à penser clairement, objectivement, à être conscient des limites de la pensée, qui marque le début de l’intelligence. Nous vénérons la pensée ; plus la nôtre est ingénieuse, plus elle nous grandit à nos yeux.


Tandis que, si nous pouvions observer notre propre confusion, notre vision étroite et individualiste de la vie, si nous pouvions être conscients de tout cela, nous verrions comment la pensée crée perpétuellement des problèmes. La pensée crée l'image et celle-ci divise — voir cela demande de l’intelligence. Percevoir les dangers psychologiques, c’est de l’intelligence. Mais il semble que nous ne voyions pas ces choses. Cela signifie qu’on doit tout le temps vous aiguillonner, vous pousser, vous conduire, vous demander, vous persuader, vous supplier de prendre conscience de vous-même, puis, à partir de là, vous faire avancer, ne pas vous laisser rester sur place. Je crains que personne ne fasse cela pour vous, pas même l’être humain le plus éclairé, car alors, vous deviendriez son esclave.


Tels que vous êtes à présent, votre vitalité, votre énergie physique et psychologique se gas­pille dans les conflits, le souci, le bavardage, les commérages sans fin, non seulement avec les autres, mais avec vous-même. Cet éternel papotage ! Il dissipe l’énergie psychologique dont nous avons besoin pour nous observer dans le miroir de nos relations — nous sommes tous liés à quelqu'un — et découvrir ainsi nos illusions, nos images, nos absurdités et nos idioties. Alors, de cette observation jailliront la liberté et l'intelligence qui traceront votre voie dans la vie. - J.K


Note 41 – L'urgence du changement - Questions et réponses

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