La révolution psychologique
Il y eut un grand remue-ménage avant le départ du train. Les compartiments étaient très pleins, autant de monde que de fumée, chaque visage caché derrière un journal, mais heureusement il restait encore une ou deux places libres. C'était un train électrifié qui s'éloigna rapidement de la banlieue et prit de la vitesse en pleine campagne, dépassant les voitures et les autocars sur l'autoroute parallèle aux rails.

C'était une magnifique campagne, très verte, des collines arrondies et des villes anciennes et historiques. L'éclat du soleil était doux, c'était le début du printemps, et les arbres fruitiers commençaient à se couvrir de floraisons roses et blanches. Toute la campagne était verte, et offrait une impression de fraîcheur et de jeunesse, les nouvelles feuilles brillant et dansant dans le soleil. C'était une journée exquise, mais le compartiment était rempli de gens fatigués et l'atmosphère était lourde de fumée.
Une petite fille et sa mère étaient assises à l'autre bout du compartiment, et la mère lui expliquait qu'il ne fallait pas dévisager les étrangers ; mais l'enfant n'en tint pas compte et nous échangeâmes un sourire. Dès ce moment-là, la petite fille fut très à l'aise, relevant souvent la tête pour voir si on la regardait, et souriant lorsque nos regards se croisaient. Elle finit par s'endormir, pelotonnée sur son siège, et sa mère la recouvrit de son manteau.
Il devait être très agréable de prendre ce sentier à, travers champs, parmi tant de beauté et de clarté. Les gens faisaient des signes de la main tandis que nous passions fracas à côté de la route bien entretenue. De grands bœufs blancs tiraient lentement des chariots chargés d'engrais, et certains des hommes qui les dirigeaient devaient chanter, car ils avaient la bouche ouverte et l'on voyait bien à leurs visages qu'ils étaient contents, dans l'air frais de cette matinée. Dans les champs, des hommes et des femmes bêchaient, plantaient et semaient.
Je remontai le long couloir qui séparait les rangées de sièges, en direction de la tête du train. Traversant le wagon-restaurant et la cuisine, je poussai une porte et entrai dans le fourgon à bagages. Personne ne m'arrêta. Les très nombreux bagages étaient très soigneusement rangés, leurs étiquettes flottant dans le léger courant d'air. Je poussai une autre porte et trouvai les deux conducteurs devant de larges panneaux de verre qui permettaient une vue magnifique de toute la campagne environnante. L'un des hommes manipulait la manette qui réglait le courant, et il avait devant lui divers cadrans.
L'autre, qui regardait en fumant une cigarette, m'offrit son siège et prenant un tabouret, il s'assit derrière moi. Il insista beaucoup pour que je m'assoie, et il commença à me poser d'innombrables questions. Il s'interrompait pour me désigner les châteaux sur les collines, dont certains étaient en ruine, et d'autres en fort bon état. Il m'expliqua ce que signifiaient ces lumières vertes et rouges, et il sortait sa montre pour vérifier si nous étions à l'heure à chaque gare. Nous roulions à une vitesse oscillant entre cent et cent dix kilomètres, avec des virages, des pentes douces, des ponts et de longues lignes droites, mais sans jamais dépasser cent dix à l'heure. « Si vous étiez descendu à la gare que nous venons de dépasser », dit-il, « en prenant un autre train, vous auriez pu aller dans une ville qui porte un nom de saint très célèbre ».
Changeant d'aiguillage, nous traversâmes en trombe des gares dont les noms venaient du passé. Nous roulions maintenant sur les rives d'un lac bleu et brumeux, et pouvions à peine voir les villes qui étaient de l'autre côté. Il y avait eu une célèbre bataille dans cette région, et de son issue avait dépendu le sort de tout un peuple. Puis nous dépassâmes le lac, sortîmes des vallées et des collines arrondies en laissant derrière nous les oliviers et les cyprès pour déboucher dans une campagne beaucoup plus rugueuse. L'homme qui était derrière moi signala le nom du fleuve boueux que nous étions en train de traverser, qui semblait si petit et si tranquille pour un fleuve si célèbre. L'autre mécanicien, qui n'avait lâché les manettes qu'une ou deux fois pendant ce voyage de deux heures et demi, s'excusa de ne pas parler anglais. « Mais quelle im- portance », dit-il, « puisque vous comprenez notre langue magnifique? »
Nous approchions des faubourgs d'une grande ville, et le ciel bleu était noir de fumée.
Nous étions plusieurs dans cette petite pièce qui donnait sur le lac magnifique, et tout était très calme, bien que les oiseaux soient agréablement bruyants. Il y avait dans ce groupe un gros homme, plein de force et de santé, aux yeux vifs mais gentils et à la parole lente et circonspecte. Comme il semblait très désireux de parler, les autres restèrent silencieux, prêts à intervenir si cela leur semblait nécessaire.
— Il y a bien longtemps que je fais de la politique, et j'ai véritablement travaillé pour ce qui me semblait être le bien du pays. Ce qui ne veut pas dire que je n'aie pas recherché le pouvoir et la position. Car je les ai recherchés. Je me suis battu pour les obtenir, et comme vous le savez peut-être, j'y ai réussi. Je vous ai entendu pour la première fois il y a bien des années, et même si un certain nombre des choses que vous avez pu dire ont trouvé un écho en moi, votre façon d'appréhender la vie ne présenta pour moi qu'un intérêt passager, sans jamais s'enraciner profondément. Au fil des années, cependant, avec leurs souffrances et leurs luttes, quelque chose a mûri en moi et je me suis mis récemment à suivre vos causeries et conférences à chaque fois que je le pouvais. Je comprends maintenant que ce que vous dites représente la seule façon de nous sortir de nos problèmes. J'ai parcouru l'Europe et l'Amérique, et j'ai cru un moment que la solution viendrait de la Russie, J'ai été membre actif du Parti communiste et j'ai très profondément tenté de coopérer avec ses leaders politico-religieux. Mais aujourd'hui, je me retire de tout cela. Tout est devenu corrompu et inefficace, même si un certain progrès a effectivement eu lieu dans quelques domaines. Ayant longuement réfléchi à toutes ces questions, je voudrais maintenant examiner tout cela d'un regard neuf, et je crois que je suis prêt pour quelque chose de nouveau et de clair.
Pour examiner, il ne faut pas commencer par une conclusion, ou alléguer de sa loyauté à un parti, ni mettre en avant un parti pris. Il ne doit exister nul désir de réussite, nulle demande d'action immédiate. Si l'on est sous l'emprise de l'une de ces choses, un véritable examen est impossible. Car pour examiner d'un œil nouveau la question de l'existence, l'esprit doit être absolument dépouillé de toute motivation personnelle, de tout sentiment de frustration, de toute recherche du pouvoir, qu'il soit pour soi ou pour un groupe, ce qui est exactement pareil. Ne trouvez-vous pas qu'il en est ainsi, Monsieur?
— Je vous en prie, ne m'appelez pas Monsieur! Oui, bien sûr, c'est la seule façon d'examiner et de comprendre les choses, mais je ne sais pas si j'en suis capable.
La capacité vient de la mise en application directe et immédiate. Afin d'examiner les divers problèmes complexes de l'existence, nous devons commencer sans nous lier à une quelconque philosophie, ou idéologie, ou un quelconque système de pensée, ou modèle d'action. La capacité de compréhension n'est pas une question de temps, c'est une perception immédiate, n'est-ce pas?
— Si je me rends compte que quelque chose est vénéneux, l'éviter n'est pas un problème: je n'y touche tout amplement pas. De la même façon, si je me rends compte que toute forme de conclusion fait obstacle à l'examen complet du problème de la vie, dès lors toutes conclusions, soient-elles personnelles ou collectives, disparaissent. Et je n'ai pas besoin de lutter pour m'en libérer. Est-ce bien cela?
En effet. Mais le fait d'énoncer un fait parfaitement clairement ne constitue pas le fait en soi. C'est un autre problème que de se libérer véritablement des conclusions. Lorsque nous avons compris que le parti pris sous toutes ses formes faisait obstacle à la compréhension totale, nous pouvons fort bien décider d'abandonner le parti pris. Mais par la force de l'habitude, l'esprit tend à retomber sous la coupe de l'autorité et de la tradition profondément enracinées. Et avoir conscience de cette tendance afin qu'elle n'ait pas d'incidence sur le processus d'examen en question est également nécessaire. Ceci étant précisé, reprenons la conversation. Quel est le besoin le plus fondamental de l'homme?
— C'est d'être nourri, vêtu et logé. Mais une répartition équitable de ces nécessités premières crée sans cesse des problèmes, car l'homme est par nature avare et jaloux.
Vous voulez dire que la société le pousse et l'encourage à être ainsi? Car une autre forme de société, de par sa législation et d'autres formes de contraintes, pourrait fort bien l'obliger à n'être ni avare ni jaloux ; mais cela ne ferait qu'établir une contre-réaction et c'est ainsi que naît le conflit entre l'individu et l'idéal prôné par l'État, ou par un puissant groupe politico-religieux. Pour permettre une équitable répartition de la nourriture, des vêtements et des logements, il faut qu'intervienne une organisation sociale totalement différente, ne pensez-vous pas? Diverses nationalités et leurs gouvernements souverains, leurs blocages des pouvoirs et leurs structures économiques conflictuelles, ainsi que les systèmes de castes et les religions organisées - chacun proclame que sa façon de faire est la meilleure et la seule valable. Il faut que tout cela cesse, c'est-à-dire que c'est toute l'attitude hiérarchique et autoritaire face à la vie qui doit cesser.
— C'est bien là la seule véritable révolution.
C'est une révolution psychologique totale et une telle révolution est essentielle si l'homme ne veut pas, dans le monde entier, continuer à manquer de ces nécessités physiques. La terre est aux hommes, elle n'est pas Anglaise, Russe ou Américaine, pas plus qu'elle n'appartient à un quelconque groupe idéologique. Nous sommes des êtres humains et non des Hindous, des Bouddhistes, des Chrétiens ou des Musulmans. Toutes ces divisions doivent cesser, y compris la dernière en date, le communisme, si nous voulons que naisse une structure socio-économique totalement différente. Et cela doit commencer par vous et moi.
— Existe-t-il une action politique que je pourrais appliquer pour permettre une telle révolution?
Peut-on savoir ce que vous entendez par action politique? L'action politique, quelle qu'elle soit, est-elle distincte de l'action totale de l'homme, ou bien en fait-elle partie?
— Par action politique, j'entendais une action au niveau gouvernemental: législative, économique, ou administrative, ou quelque chose de cet ordre.
De toute évidence, si l'action politique est séparée de l'action totale de l'homme, si elle ne prend pas en considération la totalité de son être, son état psychologique comme son état physique, alors cette action est nuisible et ne suscitera qu'une confusion et une misère plus grandes. Et c'est exactement ce qui se passe actuellement dans le monde. Est-il impossible que l'homme, avec tous ses problèmes, agisse en être humain complet, et non pas en entité politique, coupée de son état psychologique ou « spirituel »? Un arbre, c'est tout ensemble les racines, le tronc, les branches, les feuilles et les fleurs. Toute action qui n'est pas totale, complète, ne peut déboucher que sur la douleur. Et il n'existe que la totalité de l'action humaine, et non l'action politique, l'action religieuse ou l'action Indienne. Toute action qui vise à séparer, à fragmenter, suscite toujours le conflit, tant intérieur qu'extérieur.
— Cela veut dire que l'action politique est impossible, n'est-ce pas?
Absolument pas. La compréhension de l'action totale ne fait certainement pas obstacle à l'action politique, éducative ou religieuse. Ce ne sont pas des activités séparées, mais elles participent toutes d'un processus unitaire qui exprime en différentes directions. C'est ce processus unitaire qui est important, et non pas une action poli- tique séparée, si bénéfique puisse-t-elle sembler.
Je crois que je comprends. Si je possède cette compréhension totale de l'homme, ou de moi-même, mon attention pourra se tourner en différentes directions, comme cela est nécessaire, mais mes actions seront en relation directe avec l'ensemble. L'action qui sépare, qui cloisonne, ne peut avoir que des résultats chaotiques, comme je commence à le comprendre. Et en prenant conscience de tout cela, non pas en tant que politicien, mais en tant qu'être humain, le regard que je porte sur la vie change radicalement. Je n'appartiens plus à un pays particulier, ni à un parti, ni à une religion particulière. J'ai besoin de trouver Dieu, tout comme j'ai besoin de manger, d'être vêtu et logé. Mais si je recherche l'un en excluant les autres, ma quête débouchera sur d'autres formes désastreuses de confusion. Oui, je comprends très bien cela. La politique, la religion et l'éducation sont intimement entremêlées. Bon. Je ne suis plus un politicien, avec un parti pris d'action politique. En tant qu'être humain, et non pas en tant que Communiste, Hindou ou Chrétien, je veux élever mon fils. Pouvons-nous considérer la question?
La vie intégrée et l'action constituent l'éducation. L'intégration ne se produit pas lorsque l'on se conforme à un modèle, qu'il s'agisse du sien propre ou celui de quelqu'un d'autre. Elle a lieu lorsque l'on comprend les nombreuses influences qui empiètent sur l'esprit. Il s'agit d'en avoir conscience sans se laisser prendre au piège. Les parents et la société conditionnent l'enfant par la suggestion, par des désirs subtils et non exprimés, et par la contrainte, ainsi que par la réitération continuelle de certaines croyances ou dogmes. Aider l'enfant à prendre conscience de toutes ces in- fluences, et de leur signification psychologique profonde, et l'aider à comprendre les façons dont l'autorité se manifeste sans se laisser prendre dans le filet de la société, c'est cela l'éducation. Éduquer, ce n'est pas seulement donner au garçon une certaine technique qui lui permettra de trouver du travail, mais c'est plutôt l'aider à découvrir ce qu'il aime réellement. Cette notion d'amour n'existe pas si l'enfant recherche la réussite, la célébrité ou le pouvoir. Et l'éducation, c'est aider l'enfant à comprendre cela. La véritable éducation c'est la connaissance de soi. Et dans cette éducation n'entrent ni l'enseignant ni l'enseigné, car seul compte le fait d'apprendre, et l'éducateur apprend autant que l'étudiant. La liberté n'a ni début ni fin. L'éducation, c'est de pouvoir le comprendre. Il faudrait s'arrêter sur chacun de ces points, mais nous n'avons pas le temps d'entrer dans les détails.
— Je crois que je comprends, en gros, ce que vous entendez par éducation. Mais quels sont ceux qui enseignent suivant ces méthodes? De tels éducateurs n'existent tout simplement pas!
Combien d'années avez-vous consacrées à la politique, avez-vous dit?
— Beaucoup plus que je ne le voudrais. En tous cas plus de vingt ans.
De toute évidence, pour éduquer l'éducateur, il faut nous y consacrer aussi totale- ment que vous l'avez fait pour la politique - à cela près que c'est une tâche beaucoup plus épuisante et qui demande une grande intuition psychologique. Malheureusement, personne ne semble se préoccuper de l'éducation, et pourtant c'est de loin beaucoup plus important que n'importe quel autre facteur susceptible de provoquer une transformation sociale fondamentale.
— La plupart d'entre nous, surtout les hommes politiques, sont tellement anxieux d'obtenir des résultats immédiats que nous ne pensons qu'à court terme, incapables d'avoir une vision plus étendue des choses. Mais puis-je encore poser une question? Dans tout ce que nous venons de dire, comment se situe l'héritage?
Qu'entendez-vous par héritage? Faites-vous allusion à l'héritage des biens maté- riels, ou à l'héritage psychologique?
Je pensais à l'héritage des biens. Et pour être tout à fait franc, je dois dire que je n'ai jamais pensé à l'autre aspect de la question.
L'héritage psychologique conditionne autant que l'héritage de propriétés. Tous deux limitent l'esprit et le maintiennent dans un modèle particulier de société, qui en soi fait obstacle à une transformation radicale de la société. Si notre propos est de donner naissance à une culture totalement différente, qui ne reposerait ni sur l'ambition ni sur le désir d'acquérir, il est évident que l'héritage psychologique y fait sérieusement obstacle.
— Que voulez-vous dire exactement par héritage psychologique?
L'empreinte du passé sur le jeune esprit ; le conditionnement, conscient et inconscient, qui pousse l'étudiant à obéir, à se conformer. Les Communistes y travaillent maintenant de façon très efficace, comme l'avaient fait les Catholiques pendant des générations. D'autres sectes religieuses le font également, mais pas de façon si déterminée ou si efficace. Les parents et la société modèlent l'esprit des enfants par le biais de la tradition, de la croyance, du dogme, des conclusions, des opinions et c'est cet héritage psychologique qui s'oppose à ce qu'un nouvel ordre social ait lieu.
— Oui, je comprends. Mais mettre un terme à ce genre d'héritage apparaît presque impossible, non?
Si vous êtes réellement convaincu de la nécessité de mettre fin à ce genre d'héritage, n'accorderez-vous pas toute votre attention au fait de donner à votre fils un type d'éducation qui semble juste?
— Mais là encore, nous sommes pour la plupart tellement pris dans nos propres peurs et préoccupations que nous nous gardons bien d'approfondir ces questions-là, si tant est même que nous les considérions. Nous sommes une génération de menteurs et d'ergoteurs. L'héritage des biens matériels est également un problème complexe. Nous voulons tous posséder quelque chose, un bout de terrain, si petit soit-il, ou bien un autre être humain ; et si tel n'est pas le cas, nous voulons alors posséder des idéologies on des croyances. Rien ne peut étancher notre soif de posséder.
Mais lorsque vous comprenez authentiquement que le fait d'hériter de biens est aussi destructeur que l'héritage psychologique, alors vous décidez d'aider vos enfants à se libérer de ces deux formes d'héritage. Vous les élèverez de façon à ce qu'ils se suffisent parfaitement à eux-mêmes, sans dépendre de vos faveurs ni de celles d'autrui, vous leur apprendrez à aimer leur travail et à avoir confiance dans leurs capacités de travailler sans ambitions et sans avoir le culte de la réussite. Vous leur enseignerez à avoir le sens de la responsabilité dans la coopération et, partant, à savoir décider des cas où il ne faut pas coopérer. Vos enfants n'auront alors nul besoin d'hériter de vos biens. Ils seront d'authentiques êtres humains dès le premier jour et non plus des esclaves de la famille ou de la société.
— C'est là un idéal qui, je le crains, ne pourra jamais se réaliser.
Ce n'est pas un idéal, ni quelque chose qui ne pourra avoir lieu qu'au royaume in- accessible d'un pays de cocagne parfaitement utopique. La compréhension doit se faire maintenant, et non dans le futur. La compréhension, c'est l'action. La compréhension ne précède pas l'action, car il est impossible de séparer l'action de la compréhension. C'est au moment même où l'on voit un cobra que l'action adéquate a lieu. Si la vérité de tout ce dont nous avons parlé ce matin apparaît, l'action fera alors partie intégrante de cette perception. Mais nous sommes tellement pris au piège des mots, et de la stimulation intellectuelle, que les mots et l'intellect deviennent obstacles à l'action. La soi-disant compréhension intellectuelle n'est rien d'autre que le fait d'en- tendre une explication verbale, ou d'écouter des idées émises, et une telle compréhension n'a absolument aucune signification, pas plus que n'en aurait le fait de décrire la nourriture à un homme affamé. Ou bien vous comprenez, ou bien vous ne comprenez pas. La compréhension est un processus total, qui est inséparable de l'action, et qui n'est pas lié au temps. - Jiddu Krishnamurti
Note 11 - La révolution psychologique - Commentaire sur la vie tome 3