Pourra-t-on jamais spiritualiser la politique ?
La mer est au-delà du pont, bleue et lointaine. La plage arrondie est recouverte de sables d'or, et il y a de nombreux palmiers. Les citadins viennent là en voiture avec leurs enfants bien habillés qui poussent des cris de joie, loin de leurs foyers sévères et des rues désolées.
Tôt le matin, avant que le soleil ne jaillisse de la mer, lorsque la rosée pèse lourdement et que l'on voit encore les étoiles, cet endroit est magnifique. On peut s'y asseoir seul, entouré d'un univers de silence intense.
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La mer est sombre et agitée, énervée par la lune, et ses vagues viennent mourir dans un grondement violent. Mais en dépit de la mer qui tonne, tout est étrangement tranquille. Il n'y a pas de vent, et les oiseaux dorment encore. Votre esprit perd toute envie d'errer de par le monde, de se déplacer dans le vieux paysage familier et de continuer un soliloque silencieux. De façon sou- daine et inattendue, toute cette gigantesque énergie se replie et se reforme, mais non dans le but de s'épuiser en un quelconque mouvement.
Seul l'expérimentateur connaît le mouvement, lui qui cherche, obtient, et perd. La réunification de cette énergie, libérée des pressions et des influences du désir, si faibles ou si élevées soient- elles, a donné lieu à un total silence intérieur. Votre esprit est entièrement éclairé, sans la moindre ombre et sans en projeter. L'étoile du matin est très nette, fixe, et ne scintille pas et une lueur dorée apparaît à l'est. Votre esprit n'a pas bougé d'un millimètre ; il n'est pas paralysé mais la lumière de ce silence intérieur est devenue action, sans les mots et les images de l'esprit. Cette lumière est dépourvue du centre qui crée l'ombre. Seule existe cette lumière.
L'étoile du matin disparaît, et bientôt un cercle d'or surgit des eaux agitées. Sur la terre, les ombres s'étendent lentement. Tout s'éveille et un léger vent du nord se lève. Vous suivez le sentier qui longe le fleuve et rejoint la grand-route. A cette heure-là, elle est encore presque déserte, seules deux ou trois personnes font leur promenade matinale. Il n'y a pratiquement pas de voitures, tout est tranquille. La route traverse un village endormi, deux petits enfants font leurs besoins dans le fossé, ils rient et bavardent sans s'occuper du passant. Une chèvre gît au milieu de la route, et une voiture la contourne. A une certaine distance de ce village est un jardin bien entretenu dans lequel vous entrez. Il y a dans ce jardin des fleurs éclatantes et une pièce d'eau carrée couverte de nénuphars. Les ombres sont maintenant profondes, mais il reste de la rosée sur l'herbe.
C'était un provincial d'un certain âge qui était vaguement avocat. Il ne travaillait pas beaucoup, dit-il, car il avait des biens personnels et pouvait consacrer son temps à d'autres occupations. Pour l'instant, il écrivait un livre sur es conditions sociales de ce pays. Il connaissait certains des personnages en vue du gouvernement et avait participé à la dernière réforme agraire, se rendant avec les autres d'un village à un autre. Son enthousiasme était très vif lorsqu'il parlait de réforme politique et sociale, et son ton se modifiait. Il parlait alors de façon précise, urgente, excitée. Il releva la tête, son regard était agressif et il était très sûr de lui. Il n'avait naturellement aucune conscience de tout cela. Il jonglait avec les mots et les statistiques et plus il parlait, plus il semblait assuré. Comme on écoutait sans l'interrompre ce flot d'explications et d'évaluations, il prit soudain conscience du lieu où il se trouvait et s'arrêta maladroitement.
— Je m'excite toujours lorsque je parle de politique et de réforme sociale, je ne peux rien y faire. J'ai ça dans le sang. Il semble qu'il en soit de même pour tous ceux de ma génération: nous avons la politique dans le sang. Nous terminons nos études, et nous continuons à nous instruire grâce aux journaux, qui sont pour la plupart consacrés à la politique. Je pense qu'on peut faire énormément de bien par la politique et c'est pour cela que j'y consacre une grande partie de mon temps. Et puis j'aime cela, c'est une sorte d'excitant.
Tout comme la boisson, la sexualité, la nourriture, la violence, et ainsi de suite. L'excitation, sous quelque forme qu'elle soit, nous donne l'impression de vivre et nous la réclamons même dans la religion.
— Pensez-vous que nous ayons tort?
Et vous? La haine et la guerre sont elles aussi sources d'excitation, n'est-ce pas?
— En ce qui me concerne, je ne prends pas la politique à la légère, reprit-il en ignorant la question. C'est pour moi quelque chose de très sérieux car j'estime que c'est un merveilleux instrument pour entreprendre des réformes essentielles. L'action politique donne vraiment des résultats, et ce dans un futur proche, c'est en cela qu'elle est vraiment un espoir pour l'homme moyen. La plupart des gens religieux ne semblent pas saisir l'importance de l'action politique, ce qui à mon sens est fort dommage, car comme l'a dit l'un de nos leaders, il faut spiritualiser la politique. J'imagine que vous êtes d'accord sur ce point, n'est-ce pas?
L'homme véritablement religieux ne fait pas de politique, car seule l'action importe pour lui, l'action totalement religieuse et non les activités fragmentaires que l'on appelle politiques et sociales.
— Êtes-vous opposé à ce que l'on fasse entrer la religion dans la politique?
L'opposition ne suscite que l'antagonisme, n'est-ce pas? Définissons ce que nous entendons par religion. Mais tout d'abord, qu'entendez-vous par politique?
— La totalité de la procédure législative: la justice, la mise au point de la bonne santé de l'État, le fait de garantir des possibilités égales à tous les citoyens, etc. La fonction même du gouvernement est de diriger sagement et d'éviter le désordre.
La réforme sous tous ses aspects, de toute évidence, incombe également au gouvernement. Cela ne devrait pas être laissé au bon vouloir et aux caprices, qu'on appelle idéaux, de certains individus et de leurs groupes, car cela débouche sur la fragmentation de l'État. Dans un système bipartite ou pluripartite, les réformateurs devraient travailler avec le gouvernement ou faire partie de l'opposition. Pourquoi avons-nous besoin des réformateurs sociaux?
— Sans eux, nombre de réformes votées n'auraient jamais été appliquées. Les réformateurs sont nécessaires parce qu'ils aiguillonnent le gouvernement. Ils ont une vision plus vaste que celle du politicien ordinaire et par l'exemple qu'ils donnent, ils obligent le gouvernement à entreprendre les réformes nécessaires ou à modifier sa politique. Certains, parmi les plus saints des réformateurs, ont choisi le jeûne comme moyen d'obliger le gouvernement à suivre leurs recommandations.
N'est-ce pas une manière de chantage?
— Peut-être. Mais cela oblige le gouvernement à considérer et même à entreprendre les réformes nécessaires.
Les saints réformateurs peuvent aussi se tromper, et cela arrive souvent lorsqu'ils se trouvent mêlés à la politique. Du fait de l'influence qu'ils exercent sur la population, le gouvernement peut être contraint d'accéder à leurs demandes - ce qui donne parfois des résultats désastreux, comme nous l'avons vu récemment. Étant donné que la réforme sous toutes ses formes, qui passe par divers types de législation, est la fonction essentielle qui incombe à un gouvernement humain et intelligent, pourquoi ces saints hommes à l'esprit politisé n'entrent-ils pas dans le gouvernement, ou ne fondent-ils pas un autre parti politique? Serait-ce qu'ils veulent tout à la fois toucher à la politique et s'en tenir à l'écart?
— Je crois plutôt qu'ils veulent spiritualiser la politique.
Cela est-il possible? La politique concerne la société qui est par essence en conflit permanent avec elle-même, et ne cesse de se détériorer. C'est l'ensemble des relations des êtres humains qui constitue la société et ces relations reposent en fait sur l'ambition, la frustration, l'envie. La société ignore la compassion. La compassion est l'acte d'un individu complet et parfaitement unifié.
Et ces réformateurs politico-religieux affirment tous qu'ils détiennent la condition du salut, n'est-ce pas?
— La plupart le disent, mais certains ne sont pas aussi catégoriques.
Se pourrait-il qu'ils se trompent tous profondément, et qu'ils soient pris par leur propre conditionnement, leurs préjugés et partis pris traditionnels? Chaque saint leader politique n'a-t-il pas tendance, ainsi que le groupe de ses partisans, à provoquer une division et une désintégration plus notable de l'État?
— Mais n'est-ce pas un risque inévitable? Peut-on atteindre à l'unité par la seule législation?
Non, bien évidemment. On peut atteindre à un semblant d'unité, et suivre superficiellement un modèle universel, social ou politique, mais l'unité de l'homme ne se fera jamais par la législation, si éclairée soit-elle. Là où sont l'amitié et la compassion, il est inutile d'organiser la justice. Et l'organisation de la justice ne débouche pas nécessairement sur la compassion. Cela peut au contraire la nier. Mais la question n'est pas là.
Comme je le disais, pourquoi ces saints politiciens ne rejoignent-ils pas le gouvernement, ou ne fondent-ils pas un parti qui exprimerait leurs positions? A quoi servent ces réformateurs sociaux en dehors du champ politique?
— Ils ont davantage de pouvoir à l'extérieur du parlement qu'ils n'en auraient à l'intérieur. Par rapport au gouvernement, ils fonctionnent comme un coup de fouet moral. Dans une certaine mesure, ils divisent le peuple, c'est vrai, mais c'est un mal nécessaire dont il sortira peut-être du bien.
Le problème n'est-il pas beaucoup plus profond que cela? Les réformes politiques, sociales et économiques sont de toute évidence nécessaires, mais tant que nous ne nous attacherons pas à saisir la question dans son entier, c'est-à-dire la totalité de l'homme et de son action, de telles réformes n'entraîneront que davantage de dégâts et devront être suivies d'autres réformes, et c'est ce processus incessant qui enchaîne l'homme.
N'y a-t-il pas également des raisons plus profondes qui poussent ces saints leaders politiques à agir ainsi? Le leadership implique le pouvoir, pouvoir d'influencer, de guider, de dominer, et que cela soit évident ou subtil, ces leaders sont à la recherche du pouvoir. Le pouvoir, sous toutes ses formes, est un mal et débouche inévitable- ment sur des catastrophes. La plupart des gens veulent être dirigés, ils souhaitent qu'on leur dise ce qu'ils doivent faire, et dans leur confusion ils permettent l'existence de leaders dont la confusion est aussi profonde que la leur.
— Mais pourquoi dire que nos leaders recherchent le pouvoir? demanda-t-il d'un ton sceptique. Ce sont des hommes parfaitement respectables, dont la conduite et les intentions sont très pures.
Ceux qui sont respectables sont conventionnels, ils ne suivent que la tradition, qu'elle soit vaste ou limitée, reconnue ou non. Les gens respectables font toujours référence à l'autorité du livre, du passé. Il est possible qu'ils ne recherchent pas consciemment le pouvoir, mais ils le trouvent de par leur situation et leurs activités. Et c'est ce pouvoir qui les agit. Ils sont très éloignés de l'humilité. Ce sont des leaders, ils ont des adeptes. Or celui qui suit quelqu'un d'autre, fût-il le plus grand saint ou le premier petit maître venu, est profondément irréligieux.
— Je comprends. Mais pourquoi ces êtres recherchent- ils le pouvoir? demanda-t-il avec davantage d'intérêt.
Pourquoi recherchez-vous vous-même le pouvoir? Exercer le pouvoir sur une personne, ou sur des centaines, procure un intense plaisir de possession, n'est-ce pas? On a l'impression agréable d'avoir de l'importance, d'être celui de qui émane l'autorité.
— Oui, je le sais bien. Je ressens moi aussi cette agréable sensation d'importance lorsqu'on me consulte sur des points légaux ou politiques.
Pourquoi recherchons-nous et tentons-nous de conserver cet exaltant sentiment de puissance?
— C'est tellement naturel que cela semble faire partie intégrante de nous.
Une telle explication fait obstacle à toute recherche éventuelle, n'est-ce pas? Si vous voulez percevoir la vérité d'une question précise, vous ne devez pas vous en tenir aux explications, aussi plaisantes et plausibles qu'elles soient.
Et pourquoi voulons-nous nous aussi être des leaders? Nous devons être reconnus pour nous sentir importants, car si cette reconnaissance n'intervient pas, l'importance ne signifie rien. La consécration fait partie du processus qui débouche sur le leadership. Car ainsi, non seulement le leader acquiert de l'importance, mais son partisan également. En déclarant qu'il appartient à tel ou tel mouvement, dirigé par un tel, l'adepte devient quelqu'un. N'en est-il pas ainsi?
— Si, je le crains en effet.
Il en va du suiveur comme du leader. Conscients de notre propre insuffisance, de notre vide, nous entreprenons de combler ce vide par un sentiment de possession, de pouvoir ou de situation sociale, ou encore par le savoir, les idéologies satisfaisantes et ainsi de suite. Nous le meublons des choses de l'esprit. Ce processus de remplissage, de fuite, de devenir, qu'il soit ou non conscient, constitue le filet du soi. C'est l'ego, le moi, l'entité qui s'est identifiée à une idéologie, à une réforme et à un certain type d'action. Sur ce processus du devenir, c'est-à-dire la réalisation de soi, plane toujours l'ombre de la frustration. Tant qu'on n'aura pas saisi parfaitement cela, et que l'esprit ne sera pas libéré de l'auto-réalisation, le pouvoir continuera à exercer son action né- faste, en dépit des diverses étiquettes de respectabilité qu'il traîne à sa suite.
— Puis-je vous demander si, lorsque vous avez vous- même refusé il y a bien des années, de rester à la tête d'une organisation religieuse, vous aviez déjà découvert tout cela? Car vous étiez alors très jeune, comment cela était-il possible?
On a une certaine forme d'intuition, une vague notion, de ce qui doit être fait, et on le fait sans penser aux conséquences. L'explication raisonnée vient plus tard, mais du fait que l'action est authentique, les raisons le seront elles aussi. Mais c'est là une autre question. Nous parlions du fonctionnement interne des leaders et de leurs suiveurs.
L'homme qui recherche le pouvoir, ou l'accepte sous une forme ou sous une autre, est fondamentalement irréligieux. Sa recherche du pouvoir peut passer par l'austérité, la discipline et l'abnégation de soi, qu'on nomme la vertu, ou passer par l'interprétation des livres sacrés. Mais un tel homme ignore la signification immense de ce qu'on appelle la religion.
— Mais qu'est-ce alors que la religion? Je conçois maintenant que la politique ne peut être spiritualisée, mais qu'elle a énormément de signification dans son champ propre, auquel s'ajoute l'univers de la réforme, et je demeure enthousiaste à ce sujet. Mais je suis religieux de nature et je veux savoir ce qu'est, selon vous, la religion.
Personne ne peut vous l'apprendre. Mais quel contenu lui accordez-vous?
— J'ai été élevé dans l'Hindouisme, et ses enseignements sont pour moi la religion.
C'est ce que font le Chrétien, le Bouddhiste et le Musulman. Chacun tient pour la religion les types particuliers de croyance, de dogme et de rituel dans lequel il a été élevé. Le fait d'accepter implique une notion de choix, n'est-ce pas? Peut-il être question de choix en ce qui concerne la religion?
— Lorsque je dis que j'accepte ce qu'enseigne ma religion, cela signifie que cela fait appel à ma raison. Est-ce mal?
Ce n'est pas une question de bien ou de mal. Essayons plutôt de comprendre ce dont nous sommes en train de parler. Vous avez été influencé depuis l'enfance par vos parents et la société, en vue de penser dans les termes d'un certain modèle de croyance et de dogmes. Vous avez pu vous révolter, plus tard, contre tout cela, et vous tourner vers un autre modèle de ce qu'on appelle la religion. Mais que vous vous ré- voltiez ou non, votre raison a pour base votre désir de sécurité, d'être « spirituellement » protégé, et votre choix dépend de ce besoin. La raison ou la pensée découlent elles aussi du conditionnement, du parti pris, du préjugé, des peurs conscientes ou in- conscientes, et ainsi de suite. Quel que soit le degré de logique et d'efficacité que puisse atteindre notre raisonnement, cela ne débouche pourtant pas sur ce qui est au- delà de l'esprit. Pour qu'entre en existence ce qui est au-delà de l'esprit, celui-ci doit être parfaitement immobile.
— Mais êtes-vous contre la raison? s'informa-t-il.
Encore une fois, c'est une question de compréhension, et il ne s'agit pas d'être pour ou contre quelque chose. Bien qu'on puisse avoir la capacité de réfléchir efficacement à la totalité d'un problème, la pensée est cependant limitée ; la raison ne peut aller au-delà d'un certain point. La pensée ne peut en aucun cas être libre, car toute pensée est la réponse de la mémoire ; sans la mémoire, il n'est pas de pensée. La mémoire, ou le savoir, est un phénomène mécanique ; plongeant ses racines dans l'hier, elle procède du passé. Toute recherche, tout raisonnement ou déraisonnement, découle du savoir, le ce qui a été. Et la pensée n'étant pas libre, elle ne peut aller loin, elle est limitée au territoire de son propre conditionnement, et aux frontières de son savoir et de son expérience. Chaque nouvelle expérience est interprétée en fonction du passé et renforce ainsi ce dernier, c'est-à-dire la tradition, l'état conditionné. En sorte que la pensée n'est pas le moyen de comprendre la réalité.
— Si l'on ne peut utiliser ses facultés mentales, comment découvrir ce qu'est la religion?
Dans le fait même d'utiliser ses facultés mentales, de penser clairement, de raisonner de façon critique et sensée, on découvre par soi-même les limites de la pensée. La pensée, la réponse de l'esprit aux relations humaines, est liée à l'intérêt personnel, positif ou négatif. Elle est délimitée par l'ambition, l'envie, la possessivité, la peur et ainsi de suite. Ce n'est qu'à partir du moment où l'esprit s'est défait de ses liens, c'est- à-dire du soi, que l'esprit est libre. La compréhension de cet asservissement constitue la connaissance de soi.
— Mais vous n'avez toujours pas dit ce qu'est la religion. Pour moi, la religion s'est toujours apparentée au fait de croire en Dieu, et à toute la série complexe de dogmes, de rites, de traditions et d'idéaux que cela implique.
La croyance ne débouche pas sur la réalité. La croyance et la non-croyance sont une question d'influence, de pression, et l'esprit qui subit une pression, subtile ou évidente, ne peut prendre son vol. L'esprit doit se libérer de l'influence, des contraintes et des besoins intérieurs, et être solitaire, hors des entraves du passé. Ce n'est qu'alors que l'intemporel peut entrer en existence. Nul chemin n'y conduit. La religion n'est pas une affaire de dogmes, d'orthodoxie et de rituels. Ce n'est pas une croyance organisée. La croyance organisée détruit l'amour et l'amitié. La religion, c'est le sentiment du sacré, de la compassion, de l'amour.
— Nous faut-il abandonner les croyances, les idéaux, le temple - tout ce dans quoi nous avons été élevés? Ce serait extrêmement difficile ; et l'on a peur d'être seul. Serait-ce vraiment possible?
C'est possible dès l'instant où vous en voyez l'urgence et la nécessité. Mais on ne peut vous y contraindre, vous devez le voir par vous-même. Les croyances et les dogmes ont fort peu de valeur - ils sont en fait dangereux, ils séparent l'homme de son semblable et suscitent l'animosité. Ce qui importe, c'est que l'esprit se libère de l'envie, de l'ambition, du désir du pouvoir, car c'est là ce qui détruit la compassion. Aimer et compatir participent de la réalité.
— Vos paroles ont l'accent de la vérité. La plupart d'entre nous mènent une vie si superficielle, nous sommes si infantiles et influençables que la vérité nous échappe. Et l'on parle de réformer le monde! Je dois commencer par moi-même, purifier mon propre cœur et ne pas me laisser entraîner par l'idée de réformer autrui. J'espère pouvoir revenir. - Jiddu Krishnamurti
Note 43 - Pourra-t-on jamais spiritualiser la politique ? - Commentaire sur la vie tome 3