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La division de l'homme l'aliène

Il était encore très tôt, et une légère brume masquait les buissons et les fleurs. Une forte rosée avait laissé un cercle d'humidité autour de chaque arbre. Le soleil apparaissait tout juste derrière un bosquet parfaitement silencieux car les oiseaux piailleurs s'étaient dispersés avec la venue du jour. On faisait chauffer les moteurs des avions et ce bruit emplissait l'atmosphère matinale. Mais ils allaient bientôt s'envoler vers différentes parties de ce grand continent, et à l'exception des bruits habituels de la ville, tout serait à nouveau tranquille.


Un mendiant chantait dans la rue, d'une fort belle voix, et son chant avait cette note nostalgique que l'on retrouve souvent. Sa voix n'était pas devenue rauque, et parmi le grondement des autobus et les cris des gens qui s'interpellaient dans la rue, elle avait un son agréable et engageant. Ceux qui habitaient là devaient sans doute l'entendre chaque matin. Beaucoup de mendiants font des tours, ou ont des singes qui font des tours à leur place. Ils sont savants et compliqués, ils ont un regard rusé et sourient beaucoup. Mais ce mendiant-là était d'une espèce toute différente.


Il était très simple, il avait un bâton et des vêtements sales et déchirés. Il n'avait pas la moindre prétention ni des manières enjôleuses. Les autres recevaient sans doute plus d'aumônes que lui, car les gens aiment à être flattés, à s'entendre appeler de noms agréables, ou à se faire souhaiter longue vie et prospérité. Ce mendiant ne faisait rien de tout cela. Il mendiait, et si vous donniez, il inclinait la tête et continuait sa route ; il n'y avait pas la moindre pose, la moindre gesticulation. Il parcourait la totalité de la longue rue obscure, s'effaçant devant les gens, et au bout de la rue il tournait à droite et s'enfonçait dans une rue plus petite et plus étroite, recommençait à chanter et se perdait finalement dans l'une des ruelles avoisinantes. Il était jeune, et quelque chose d'agréable émanait de lui.


L'avion décolla à l'heure dite et fut bientôt au-dessus de la ville, ses dômes, ses tombeaux anciens et ses longues séries d'immeubles laids et prétentieux, de construction récente. Le fleuve était au-delà de la ville, large et sinueux, ses eaux d'un bleu- vert pâle, et l'avion suivait ses méandres, se dirigeant vers le sud-est. Nous volions à environ deux mille mètres d'altitude, et le pays était sous nos yeux, nettement divisé en petites zones d'un vert-gris, dont chaque homme possédait une parcelle. Le fleuve serpentait en traversant de nombreux villages et à partir de ce fleuve on voyait de petits canaux droits et étroits, tracés par l'homme, et qui rejoignaient les champs.


Des centaines de kilomètres à l'est, la montagne couverte de neige commençait à apparaître, éthérée et comme irréelle dans sa brillance rosée. Ses sommets semblaient tout d'abord flotter au-dessus de l'horizon, et il était difficile de croire qu'il s'agissait de montagnes, aux pics aigus et aux formations massives. Depuis la surface de la terre, à cette distance, on aurait pu les voir, mais à cette altitude on les distinguait dans toute leur spectaculaire beauté. Il était difficile d'en détacher les yeux de crainte de manquer la moindre nuance de leur splendeur et de leur grandeur. Une chaîne montagneuse succédait lentement à une autre, un sommet massif était suivi d'un autre.


Ils couvraient la totalité de l'horizon au nord-est, et même après deux heures de vol, les montagnes étaient toujours visibles. C'était véritablement incroyable : la couleur, l'immensité et la solitude. On oubliait tout le reste — les passagers, le capitaine posant des questions, et les hôtesses demandant les tickets. Ce n'était pas la contemplation de l'enfant absorbé par son jouet, ou celle du moine dans sa cellule, ni celle du sannyasi sur la berge d'une rivière. C'était un état d'attention totale où n'entrait nulle distraction. Seules existaient la beauté et la splendeur de la terre. Il n'y avait pas d'observateur.


Psychologue, psychanalyste et docteur en médecine, il était assez corpulent, la tête massive et les yeux attentifs. Il était venu, déclara-t-il, pour discuter de plusieurs points. Il ajouta qu'il n'utiliserait point le jargon psychologique et analytique mais emploierait des mots habituels à chacun de nous. Ayant étudié les plus éminents psychologues et ayant lui-même été analysé par l'un d'eux, il connaissait les limites de la psychologie moderne, ainsi que sa valeur thérapeutique. Il n'y avait pas que des réussites, dit-il, mais ses possibilités étaient immenses si elle était convenablement appliquée. Bien sûr, il y avait beaucoup de charlatans, comme il fallait s'y attendre. Il avait également étudié, mais non de façon très approfondie, la pensée orientale et la notion orientale de conscience.


— Lorsque l'inconscient fut tout d'abord découvert et répandu en Occident, aucune université n'en voulut, et nul éditeur ne se risqua à entreprendre la publication des livres sur la question ; mais aujourd'hui, naturellement, deux décades plus tard, tout le monde a ce mot à la bouche. Il nous plaît de penser que nous avons tout découvert, et que l'Orient est une jungle où règnent le mysticisme et les tours de passe- passe avec des cordes qui disparaissent. Mais il faut bien dire que l'Orient entreprit l'exploration du conscient il y a bien des siècles, en utilisant des symboles différents et des significations plus vastes. Je précise cela dans le but d'indiquer mon désir très profond d'apprendre, et l'absence en moi de toute prévention en la matière. Il nous appartient, à nous autres les spécialistes de la psychologie humaine, d'aider les inadaptés à retourner dans la société et il semble que cela soit notre principale préoccupation. Mais pourtant, pour diverses raisons, cela ne me satisfait pas - ce qui m'amène à l'un des points dont je souhaite vous parler. Serait-ce là notre seule fonction? Ne pouvons-nous faire plus que d'aider les inadaptés à une réinsertion sociale?


La société est-elle en si bonne santé, pour que l'individu doive retourner en son sein? La société elle-même n'a-t-elle pas contribué à rendre l'homme malade? Il est bien évident qu'il faut faire du malade un homme sain, cela va sans dire. Mais pourquoi l'individu devrait-il s'adapter à une société malade? Si ce dernier est sain, il ne fera pas partie de la société. Si nous ne remettons pas en cause la bonne santé de la société en tout premier lieu, à quoi sert d'aider les désaxés à s'adapter à cette société?


— Je ne pense pas que la société soit en bonne santé, elle est dirigée par des gens frustrés, à la recherche du pouvoir et superstitieux. Elle est toujours en état de crise. Lors de la dernière guerre, j'ai travaillé à remettre en état les désaxés de l'armée qui ne pouvaient pas s'adapter aux horreurs de la guerre. Ils avaient sans doute raison, mais nous étions en guerre et il nous fallait la gagner. Un certain nombre de ceux qui ont combattu et ont survécu ont toujours besoin d'une aide psychiatrique, et ce sera un travail colossal que de les réadapter socialement.


Aider l'individu à se réintégrer dans une société qui ne cesse d'être en guerre contre elle-même - est-ce là ce que les psychologues et les psychanalystes sont censés faire? L'homme ne doit-il être soigné qu'à seule fin de pouvoir tuer ou être tué? Si l'homme n'est pas tué, ou rendu fou, doit-il seulement s'intégrer à la structure de la haine, de l'envie, de l'ambition et de la superstition, qui peut être extrêmement scientifique?

  • Je reconnais que la société n'est pas ce qu'elle devrait être, mais qu'y faire? On ne peut rejeter la société, il nous faut travailler, gagner notre vie, souffrir et mourir dans un cadre social. On ne peut mener une vie de reclus ou faire partie de ces gens qui s'isolent et ne pensent qu'à leur propre salut. Nous devons sauver la société en dépit d'elle-même.



La société est avant tout la relation de l'homme à son semblable. Sa structure repose sur ses contraintes, ses ambitions, ses haines, ses vanités, ses envies et sur l'ensemble complexe de son besoin de dominer et de suivre. Si l'individu ne rompt pas totalement avec cette structure corrompue, quelle valeur fondamentale peut-on espérer du traitement médical? L'homme ne pourra que rechuter.


— C'est le devoir du médecin que de soigner et d'apaiser. Il ne nous appartient pas de réformer la société. C'est le travail des sociologues.


La vie est une et ne doit pas être fragmentée. Il nous faut nous préoccuper de la totalité de l'être humain: son travail, ses amours, sa conduite, sa santé, sa mort et son Dieu - en même temps que de la bombe atomique. C'est cette division de l'homme qui le rend malade.


— Certains d'entre nous en ont conscience, mais que pouvons-nous faire? Nous ne sommes pas des hommes complets avec des conceptions bien assimilées, une énergie et un but intégrés. Nous guérissons une partie tandis que le reste se désintègre, pour nous apercevoir alors que c'est la racine profonde qui détruit l'ensemble. Que devons- nous faire? En tant que médecin, quel est mon devoir?


C'est de toute évidence de guérir. Mais n'entre-t-il pas également dans la responsabilité du médecin de soigner la société en tant que totalité? Il ne peut y avoir de réforme de la société, et la révolution n'est possible que si elle se situe à l'extérieur de la structure sociale.


— Mais j'en reviens à une question: que peut-on faire individuellement?


Se retrancher de la société, tout d'abord. Se libérer, non pas seulement des choses extérieures, mais surtout de l'envie, de l'ambition, du culte du succès, et ainsi de suite.


— Une telle libération nous donnerait davantage de temps pour l'étude, et il y aurait sans doute beaucoup plus de tranquillité. Mais cela ne déboucherait-il pas sur une existence assez superficielle et inutile?


La libération de l'envie et de la peur procurerait au contraire à l'individu un état d'intégration. Cela mettrait un terme aux diverses formes de fuite qui suscitent inévitablement la confusion et les contradictions internes, et la vie aurait alors un sens bien plus large et plus profond.


— Certaines formes de fuite ne sont-elles pas bénéfiques pour une intelligence limitée? La religion est une fuite merveilleuse pour beaucoup de gens, elle confère une signification, si illusoire soit-elle, à leur existence par ailleurs vide et sinistre.


Tout comme le cinéma, les romans et certaines drogues. Encourageriez-vous cette forme de fuite? Les intellectuels ont eux aussi leurs moyens d'évasions, grossiers ou subtils, et presque tout le monde a ses points faibles. Et lorsque de telles personnes ont le pouvoir, elles engendrent davantage de souffrance et de confusion. La religion n'est pas une question de dogmes et de croyances, de rituels et de superstition, pas plus que ce n'est par elle que l'on cultive son salut personnel, ce qui est une activité égocentrique. La religion concerne la totalité de la vie, c'est la compréhension de la vérité qui n'est pas une projection de l'esprit.


— Vous demandez trop de l'individu moyen, qui ne cherche que son délassement, son évasion, sa religion auto-satisfaisante et quelqu'un à suivre ou à haïr. Ce vers quoi vous tendez demande une éducation différente, un monde- société différent et nos politiciens, pas plus que nos éducateurs habituels, ne sont capables d'une vision si large. J'imagine que l'homme doit traverser la longue nuit de la souffrance et de la douleur avant de pouvoir en sortir en tant qu'être humain intelligent et unifié. Pour l'instant cela ne me préoccupe pas. Car ce qui me préoccupe, ce sont les épaves humaines pour lesquelles je peux faire énormément et j'en fais beaucoup. Mais cela semble si peu dans tout cet océan de souffrance. Comme vous l'avez dit, il me faudra atteindre à un état d'unification personnelle, ce qui n'est pas une mince entreprise. Mais il y a encore quelque chose, qui me concerne plus personnellement, dont j'aime- rais parler avec vous, si c'est possible. Vous avez parlé de l'envie, tout à l'heure. Je crois que je suis envieux, et bien que je me fasse analyser de temps à autre comme la plupart des psychanalystes, c'est quelque chose que je ne parviens pas à dépasser. J'ai presque honte de le reconnaître, mais l'envie est toujours là, qui va de la jalousie mesquine à des formes plus complexes et je ne semble pas être capable de m'en débarrasser.


L'esprit est-il capable de se libérer de l'envie, non pas par petits morceaux, mais de façon totale? A moins qu'on s'en libère intégralement, dans la totalité de notre être, l'envie ne cesse de se reproduire sous des formes diverses, à différents moments.


— Oui, je le comprends. L'envie doit être radicalement éliminée de l'esprit, tout comme une tumeur maligne doit être extirpée du corps, car sinon elle reviendra fréquemment. Mais comment faire?


Le « comment » n'est-il pas encore une forme d'envie? Lorsqu'on demande à suivre une méthode, on veut se débarrasser de l'envie afin d'être autre chose ; mais c'est encore là une action de l'envie.


— C'était une simple question, mais je vois ce que vous voulez dire. Cet aspect de la question ne m'était jamais apparu auparavant.


Il semble que nous tombions toujours dans ce piège, et nous en restons éternelle- ment prisonniers ; nous essayons sans cesse de nous libérer de l'envie. Le fait d'essayer de se libérer donne lieu à une méthode, de sorte que l'esprit ne se libère plus jamais ni de l'envie ni de la méthode. C'est une chose que de s'interroger sur la possibilité d'une libération totale de l'envie, mais c'est une autre question que de chercher une méthode pour s'en libérer. Lorsqu'on cherche une méthode, on finit toujours par la trouver, aussi simple ou complexe soit-elle. Mais toute interrogation sur la possibilité d'une liberté totale cesse et l'on reste avec une méthode, une pratique, une discipline. C'est ainsi que l'envie se maintient et se perpétue subtilement.


— C'est parfaitement exact, en effet. En fait, vous me demandez si je cherche vraiment à me libérer totalement de l'envie. Mais il m'est arrivé de trouver une stimulation dans l'envie, et même une forme de plaisir. Est-ce que je veux me libérer de l'en- vie dans sa totalité, c'est-à-dire à la fois du plaisir et de l'anxiété douloureuse qu'elle contient? Je dois avouer que je ne me suis jamais posé la question, et qu'on ne me l'a jamais posée non plus. Ma première réaction, c'est que je n'en sais rien. Je suppose que ce que je voudrais vraiment, c'est conserver le côté stimulant de l'envie et me défaire du reste. Mais il est bien entendu impossible de ne garder que les aspects satisfaisants, et il faut accepter l'envie dans sa totalité ou s'en libérer totalement. Je commence à comprendre votre question. J'éprouve le désir de me libérer de l'envie et pourtant je veux en conserver certains aspects. Que l'être humain est donc irrationnel et contradictoire! Tout cela demande une analyse plus approfondie et j'espère que vous aurez la patience d'attendre jusqu'à son terme. Je vois bien qu'il entre de la peur dans tout cela. Si je n'étais pas poussé par l'envie, qui est masquée par des termes et des besoins professionnels, il pourrait y avoir une régression. Je pourrais n'avoir pas si bien réussi, n'être pas quelqu'un en vue et ne pas avoir de tels revenus. J'éprouve sans doute une peur diffuse de perdre tout cela, une crainte de l'insécurité, et d'autres craintes qu'il n'est pas nécessaire d'étudier pour l'instant. Et cette peur sous-jacente est certainement plus puissante que le désir de me libérer des aspects déplaisants de l'envie, pour ne rien dire de l'idée de s'en libérer totalement. Je vois maintenant toutes les intrications de ce problème, et je ne suis pas certain de vouloir me libérer de l'envie.


Aussi longtemps que l'esprit raisonne en ces termes de « plus », l'envie est là ; aussi longtemps que la comparaison existe, l'envie est là, même si nous croyons que la comparaison nous aide à comprendre. Et aussi longtemps que nous avons un but, une fin à atteindre, l'envie est encore là, de même qu'au travers du processus d'addition, qui équivaut à l'auto-amélioration, de la recherche de la vertu, et ainsi de suite, on décèle l'envie. Le « plus » implique une notion de temps, n'est-ce pas? Le temps est nécessaire pour passer de ce que l'on est à ce que l'on voudrait être, à l'idéal.


Le temps comme moyen d'obtenir, de réussir, de parvenir.


— Naturellement. Pour parcourir la distance, pour aller d'un point à un autre, que ce soit physiquement ou psychologiquement, le temps est nécessaire.


Le temps comme mouvement d'ici à là est un phénomène physique et chronologique. Mais a-t-on besoin de temps pour se libérer de l'envie? Nous disons « je suis ceci et pour devenir cela, ou pour changer ceci en cela, il faut du temps ». Mais le temps est-il facteur de changement? Ou bien tout changement qui s'inscrit dans le champ temporel n'est-il pas un changement?


— Cela devient bien compliqué. Vous voulez dire que le changement qui se pose en termes temporels n'est pas un véritable changement. Mais comment est-ce possible?


Un tel changement n'est que la continuité modifiée de ce qui a été, n'est-ce pas?


— Voyons si je comprends bien. Pour passer du fait réel, c'est-à-dire l'envie, à l'idéal, c'est-à-dire la non-envie, il faut du temps - c'est du moins ce que nous pensons. Ce changement graduel dans le temps, selon vous, n'est pas un changement, mais tout simplement une autre des manifestations de l'envie. Et je vois bien qu'il en est ainsi.


Aussi longtemps que l'esprit raisonnera en termes de transformation dans le temps, de révolution à venir, il n'interviendra nulle modification dans le présent. N'en est-il pas ainsi?


— En effet, nous sommes d'accord là-dessus. Mais ensuite?


Comment l'esprit réagit-il lorsqu'il est confronté à ce fait?


— Eh bien, soit il refuse ce fait, soit il accepte de le considérer.


Quelle est votre réaction?


— Je crois que ma réaction est un mélange du tout. Car quelque chose me pousse à éviter de considérer ce fait, en même temps qu'autre chose m'incite à le faire.


Mais pouvez-vous examiner quelque chose lorsque la peur s'y trouve mêlée? Pouvez-vous examiner une chose sur laquelle vous avez déjà un jugement, une opinion?


— Oui, je comprends. Vous voulez dire que je n'examine rien, mais que j'évalue, et que mon esprit projette sur cette chose ses idées et ses craintes. Oui, c'est exactement cela.


En d'autres termes, votre esprit ne se préoccupe que de lui-même, et il est donc par-là parfaitement incapable d'avoir simplement conscience du fait en question. Vous exercez une action sur le fait réel, au lieu de lui permettre d'exercer une action sur votre esprit. Le fait ou phénomène qui se modifie à l'intérieur du système tempo- rel n'est pas un changement, et il ne peut y avoir qu'une libération totale et non partielle de l'envie, ni même graduelle - c'est la vérité même de ce fait qui agira sur votre esprit, en le libérant.


— Je crois que la vérité de tout cela commence à forcer mes blocages mentaux. - Jiddu Krishnamurti


Note 20 - La division de l'homme l'aliène - Commentaire sur la vie tome 3


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