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Que signifie être sérieux ?

Un vieil homme était assis dans un char à bœufs, une longue badine à la main, et si maigre qu'on voyait ses os. Il avait un visage ouvert et ridé, la peau très sombre, comme tannée par le soleil. La charrette était lourdement chargée de petit bois, et le vieillard tapait sur les bœufs. On entendait claquer les coups sur leur arrière-train. Ils allaient à la ville, venant de la campagne, et la journée avait été longue.

L'homme et les bêtes étaient épuisés, et ils avaient encore du chemin à parcourir. Les bœufs avaient la bouche couverte d'écume, et le vieillard semblait sur le point de tomber, mais il restait pourtant de la vigueur dans sa vieille carcasse nerveuse et les bœufs continueraient à marcher. Tandis que vous vous approchiez, le vieillard vous regardait, souriait, et cessait de frapper les bêtes. Ces bœufs lui appartenaient, et il les menait depuis des années ; ils savaient qu'il les aimait bien et que les coups étaient passagers. Il s'était remis à les fouetter, et ils continuaient à avancer à leur allure propre.


Les yeux du vieil homme étaient remplis d'une patience infinie et sa bouche exprimait la lassitude d'un labeur incessant. Il ne tirerait pas beaucoup d'argent de ses fagots, mais cela lui suffirait. Ils passeraient la nuit sur le bord de la route et entreprendraient de bon matin le voyage du retour, La charrette serait vide, et la rentrée serait plus facile. Nous fîmes un bout de chemin ensemble, et il semblait être indifférent aux bœufs d'être touchés par cet étranger qui marchait près d'eux. Il commença à faire sombre, et bientôt le vieil homme s'arrêta, alluma une lanterne, l'accrocha à sa charrette et reprit sa route vers la ville bruyante.


Le lendemain matin, le soleil se leva derrière d'épais nuages sombres. Il pleuvait très souvent dans cette île immense, et la terre était couverte d'une riche végétation verdoyante. Il y avait partout d'immenses arbres, et des jardins bien entretenus remplis de fleurs. Les gens étaient bien nourris et le bétail aux yeux calmes n'était pas maigre. Sur l'un de ces arbres, il y avait des douzaines de grives dorées aux ailes noires et aux corps jaunes. C'était des oiseaux d'une taille surprenante, mais leur cri était doux. Ils passaient d'une branche à l'autre, comme des éclairs de lumière dorée, et semblaient encore plus éclatants lorsque le temps était nuageux.


Une pie criait d'un ton grave et les corbeaux faisaient leur tintamarre habituel. L'air était relativement frais et il serait très agréable de marcher. Le temple était plein de fidèles agenouillés qui priaient, et les pelouses qui l'entouraient étaient très bien tenues. Un peu plus loin il y avait un club sportif où l'on pouvait jouer au tennis. Il y avait des enfants partout, et parmi eux on voyait des prêtres à la tête rasée, avec leur inévitable éventail. Les rues étaient décorées, car une procession religieuse allait avoir lieu dans les jours à venir, lors de la pleine lune. On voyait encore, au-dessus des palmiers, un grand morceau de ciel bleu pâle, que les nuages tentaient de masquer. Au cœur de la foule, au long des rues bruyantes et dans le jardin des nantis, régnait une grande beauté. Elle ne cessait jamais d'être, mais peu se souciaient de la contempler.


Tous deux, un homme et une femme, étaient venus d'assez loin assister aux entre- tiens. Ils auraient pu être mari et femme, frère et sœur, ou simplement amis. Ils étaient joyeux et ouverts et leurs yeux reflétaient toute une tradition culturelle. Ayant une voix agréable et une attitude respectueusement intimidée, ils semblaient étonnamment cultivés et lui connaissait le sanscrit. Il avait également voyagé et comprenait les choses de ce monde.


- Nous avons tous deux fait nombre de choses, déclara-t-il. Nous avons suivi certains leaders politiques, avons été compagnons de route des Communistes avant de les quitter devant leurs façons de faire incroyablement brutales. Puis nous avons rejoint les maîtres spirituels et avons pratiqué certaines formes de méditation. Nous pensons être des gens sérieux, mais il se peut que nous nous illusionnions. Nous avons fait tout cela avec énormément de sérieux, mais rien ne semblait avoir beaucoup de profondeur, bien qu'à l'époque nous pensions le contraire. Nous avons tous deux une nature active, nous ne sommes pas des rêveurs, mais nous en sommes maintenant au point où nous ne voulons plus « arriver quelque part » ou participer à des activités ou des pratiques organisées qui n'ont pas grande signification. Ayant découvert que ces activités ne débouchaient que sur l'illusion et se payaient de mots, nous souhaitons maintenant savoir en quoi consiste votre enseignement. Mon père connaissait bien la façon dont vous appréhendez la vie, et il lui arrivait de m'en parler, mais je n'ai jamais approfondi la question par moi-même, sans doute parce que vous m'aviez été « enseigné » - ce qui est peut-être une réaction normale quand on est jeune. Il s'est trouvé que l'un de nos amis a assisté l'année dernière à l'une de vos conférences et lorsqu'il nous parla de ce qu'il y avait entendu, nous avons décidé de venir vous voir. Nous ne savons par où commencer, et peut-être pourriez-vous nous aider.


Sa compagne n'avait pas dit un mot, mais ses yeux et toute son attitude attestaient sa totale attention.


Puisque vous avez déclaré que vous étiez tous deux sérieux, nous allons partir de là. Je me demande ce que nous voulons dire quand nous déclarons que nous sommes sérieux au sujet d'une chose ou d'une autre. L'homme politique et ses projets, et sa quête du pouvoir ; l'écolier qui veut réussir ses examens, l'homme qui veut gagner de l'argent ; le professionnel et celui qui adhère à une quelconque idéologie, ou qui est pris dans les rets d'une croyance - tous sont sérieux à leur façon. Le névrosé est sérieux, tout comme l'est le sannyasi. Que signifie être sérieux? Je vous en prie, ne croyez pas que je joue sur les mots, mais si nous pouvions comprendre ce concept, cela nous renseignerait peut-être énormément sur nous-mêmes, ce qui est, tout bien considéré, le véritable point de départ.


- Je suis sérieuse, dit sa compagne, dans la mesure où je cherche à clarifier ma propre confusion et c'est pour cela que je me suis adressée à ceux qui disaient pouvoir m'y aider. J'ai tenté de m'oublier dans les bonnes œuvres, en essayant d'apporter un peu de bonheur aux autres, et c'est très sérieusement que j'ai suivi cette démarche. Et enfin, je suis très sérieuse dans mon désir de trouver Dieu.


La plupart d'entre nous sont sérieux à un niveau ou à un autre. Négatif ou positif, leur sérieux a toujours un objet, religieux ou autre et leur sérieux dépend de l'espoir d'atteindre à cet objet. Mais si pour une raison quelconque leur espoir d'atteindre à cet objet de gratification leur est retiré, qu'en est-il de leur sérieux? On met son sérieux à réaliser, à obtenir, à réussir, à devenir. C'est la fin qui nous rend sérieux, ce que l'on espère obtenir ou éviter. De sorte que c'est le but qui prévaut et non la com- préhension de ce que signifie être sérieux. Ce qui nous occupe, ce n'est pas l'amour, mais ce que pourra faire l'amour. L'action, le résultat, la réussite sont revêtus de toute l'importance et non plus l'amour en soi, qui renferme sa propre action.


— Je ne vois pas très bien comment on pourrait être sérieux si ce n'est pas au sujet de quelque chose, dit-il.


— Je crois que je comprends, précisa sa compagne. Je veux trouver Dieu, et il est important pour moi de Le découvrir, car sinon la vie n'a plus de sens et n'est qu'un chaos incompréhensible, rempli de souffrance. Je ne peux comprendre la vie qu'au travers de Dieu, qui est le début et la fin de toutes choses. Lui seul peut me guider dans ce fatras de contradictions et c'est pourquoi je mets tout mon sérieux à Le découvrir. Mais ce que vous demandez, c'est si cela est quelque chose de sérieux, n'est- ce pas?


Oui. La compréhension de la vie, avec toutes ses complications, est une chose et la quête de Dieu une autre. En déclarant que Dieu, le but ultime, donnera sens à la vie. vous venez de susciter - n'est-ce pas? - deux choses opposées: la vie, et Dieu. Vous luttez pour découvrir quelque chose éloigné de la vie. Vous cherchez sérieusement à atteindre un but, une fin, que vous appelez Dieu. Est-ce là le sérieux? Il est possible aussi qu'on ne puisse pas trouver Dieu dans un premier temps, et vivre ensuite. Car trouver Dieu, c'est peut-être comprendre ce processus complexe que l'on nomme la vie.


Nous essayons de déterminer ce que nous entendons par le sérieux. Vous êtes sérieux au sujet d'une formulation, une projection de vous-même, une croyance qui n'ont rien à voir avec la réalité. Vous êtes sérieux en ce qui concerne les choses de l'esprit, et non pas l'esprit lui-même, qui a pourtant fabriqué les dites choses. En mettant votre sérieux dans le fait d'obtenir un résultat particulier, n'êtes-vous pas à la re- cherche d'une gratification personnelle? C'est le seul point sur lequel nous sommes tous sérieux: obtenir de que nous voulons. Le sérieux se limiterait-il à cela?


— Je n'avais jamais encore envisagé les choses de cette façon, s'exclama-t-elle. Et il est évident que je n'ai pas le moindre sérieux!


Ne faisons pas de conclusions hâtives. Nous essayons de comprendre ce que signifie être sérieux. Il apparaît que rechercher la réalisation sous une forme ou une autre, qu'elle soit noble ou stupide, n'est pas être sérieux. Celui qui boit pour fuir ses problèmes, celui qui cherche le pouvoir et celui qui cherche Dieu suivent tous le même chemin, quand bien même le contenu social de leur quête diffère. De telles personnes sont-elles sérieuses?


— Si elles ne le sont pas, alors je crains que personne ne le soit, répondit-il. J'ai toujours tenu pour un fait certain que j'étais sérieux dans tout ce que j'ai pu entre- prendre, mais je commence à réaliser qu'il existe une forme de sérieux totalement différente. Je ne crois pas être capable pour l'instant de le décrire verbalement, mais je le ressens. Continuez, je vous en prie.


— Je me perds un peu dans tout cela, lança sa compagne. Je croyais comprendre, mais cela m'échappe. Lorsque nous sommes sérieux, ce n'est pas au sujet de quelque chose. Il en est ainsi, n'est-ce pas?


— En effet.


Existe-t-il une forme de sérieux qui ne vise pas une fin et n'élève pas de résistance?


— Je ne vous suis plus.


— La question est en soi très simple, expliqua-t-il. Comme nous voulons quelque chose, nous faisons tout pour l'obtenir, et c'est cet effort qui nous paraît faire de nous des êtres sérieux. Mais ce qu'il demande, c'est s'il s'agit bien de sérieux, ou si le sérieux est un état d'esprit où n'entrent ni but à obtenir, ni résistance?


— Voyons si j'ai bien compris, répondit-elle. Aussi longtemps que j'essaie d'éviter ou d'obtenir quelque chose, je ne m'occupe que de moi-même. Le but à atteindre, c'est en définitive l'intérêt personnel. C'est une manière de complaisance, raffinée ou vulgaire, or vous dites que la complaisance n'est pas le sérieux. Oui, c'est bien clair. Mais dans ce cas, qu'est-ce que le sérieux?


Essayons d'approfondir la question et d'y répondre ensemble. Je n'ai rien à vous apprendre. Être enseigné et être libre d'apprendre sont deux choses totalement différentes, n'est-ce pas?


— N'allons pas si vite, s'il vous plaît. Je ne suis pas très brillante mais je comprendrai en persévérant. Car je suis aussi un peu entêtée - une vertu discrète, mais qui peut aussi être gênante. J'espère que vous serez patient à mon égard. De quelle façon le fait d'être enseigné diffère-t-il de celui d'être libre d'apprendre?


Dans le fait d'être enseigné, il y a toujours le maître, le gourou qui sait, et le disciple qui ne sait pas, en sorte que s'installe entre eux une division éternelle. C'est là une attitude profondément autoritaire et hiérarchisée, de laquelle l'amour est exclu. Quand bien même le maître parlerait d'amour, et le disciple affirmerait sa dévotion, cette relation n'a rien de spirituel, elle est profondément immorale et ne peut déboucher que sur une confusion et une misère plus grandes. Cela est-il assez clair?


— Épouvantablement clair, précisa-t-il. Vous venez d'abolir d'un seul coup toute la structure de l'autorité religieuse. Mais vous avez raison.


— Mais nous avons besoin d'être guidés. Qui nous guidera? demanda sa compagne.


Est-il besoin de direction lorsque nous ne cessons d'apprendre, non point de quelqu'un en particulier, mais de tout ce que nous rencontrons sur notre chemin? Nous ne cherchons un guide, de toute évidence, que par désir de sécurité, de certitude, et de confort moral. Si nous sommes libres d'apprendre, tout nous sera enseignement, les feuilles mortes, toutes les formes de relation et la conscience lucide de nos propres activités mentales. Mais nous n'avons pas, pour la plupart, cette liberté d'apprendre, car nous sommes trop habitués à être enseignés. On nous dit ce qu'il faut penser par le canal des livres, par le biais de la famille, de la société et comme de bons magnétophones nous répétons ce que nous avons enregistré.


— Et les bandes magnétiques sont généralement très usées, ajouta-t-il, car elles ont tellement servi. Toute notre pensée est une pensée de seconde main.


Cet enseignement a fait de nous de médiocres machines à répétition. Le besoin d'être guidés, avec ce que cela implique d'autoritarisme, de dépendance, de peur, de manque d'amour et ainsi de suite, ne débouche que sur les ténèbres. Être libre d'apprendre est quelque chose d'entièrement différent. Mais cette liberté ne peut être s'il existe une conclusion ou une supposition préalable. Pas plus que si l'on fonde son attitude sur l'expérience en tant que savoir, ou si l'esprit est maintenu dans une tradition, enchaîné à une croyance. Ou lorsque l'on éprouve le désir de la sécurité, ou celui d'atteindre un but particulier.


— Mais il est impossible de se libérer de tout cela! s'écria-t-elle.


Avant que d'avoir essayé, vous ne pouvez pas savoir si cela est ou non possible.


— Mais que cela nous plaise ou non, affirma-t-elle, notre esprit est soumis à cet enseignement. Or, si comme vous le dites, un tel esprit ne peut apprendre, quelle issue nous reste-t-il?


L'esprit peut prendre conscience de son propre asservissement, et cette conscience lucide participe en soi du fait d'apprendre. Mais ne fait-il pour nous aucun doute que l'esprit qu'on maintient aveuglément dans ce qu'on lui a appris est incapable d'apprendre?


— Vous voulez dire, en d'autres termes, qu'aussi longtemps que je me conforme à la tradition, je ne peux rien apprendre de nouveau. Oui, c'est clair. Mais comment me libérer de cette tradition?


N'allez pas si vite, je vous en prie. L'accumulation mentale fait obstacle à la liberté d'apprendre. Car pour apprendre, il ne faut pas que soit une accumulation de savoir, ni d'expérience emmagasinées en tant que passé. Percevez-vous par vous-même la vérité contenue en cela? Est-ce pour vous réel, ou n'est-ce qu'une chose dite par moi, avec laquelle vous pouvez être en accord ou en désaccord?


— C'est, je crois, une vérité, dit-il. Naturellement, je suppose que vous ne voulez pas dire qu'il faille rejeter tout le savoir accumulé par la science, car cela serait absurde. Mais le fait est que si nous voulons apprendre, nous ne devons rien tenir pour établi.


La connaissance est un mouvement, mais qui ne va pas d'un point fixe à un autre. Or ce mouvement est rendu impossible par l'accumulation dans l'esprit des choses du passé, et des traditions, des conclusions et des croyances. Cette accumulation, quand bien même on l'appelle l'Atman, l'âme, la partie supérieure du moi et ainsi de suite n'est en définitive rien d'autre que le moi, l'ego, le soi. Le maintien du moi s'oppose au mouvement de la connaissance.


— Je commence à comprendre ce que veut dire le mouvement de la connaissance, dit-elle lentement. Aussi longtemps que je reste prise dans mon propre désir de sécurité, de confort et de paix intérieure, nul mouvement de la connaissance ne peut avoir lieu. Mais alors comment me libérer de ce désir?


N'est-ce pas là une mauvaise question? Il n'existe pas de méthode par laquelle on puisse se libérer. C'est la nécessité urgente et l'importance du fait d'être capable d'apprendre qui libéreront l'esprit des conclusions, du moi qui a été assemblé par des mots, et de la mémoire. La pratique d'une méthode, le « comment » et sa discipline, sont encore une forme d'accumulation, cela ne libère jamais l'esprit mais le dirige tout simplement vers un autre modèle.


— Il me semble comprendre quelques bribes, dit-elle, mais cela recouvre tant de choses, je me demande si je pourrai jamais les approfondir réellement.


Ce n'est pas aussi difficile que cela. Grâce à la compréhension de deux ou trois faits fondamentaux, tout devient clair. L'esprit qui est enseigné, ou qui souhaite qu'on le guide, ne peut pas apprendre. Cela est parfaitement évident, nous pouvons maintenant revenir à la question du sérieux, par où nous avions débuté.


Il apparaît donc que l'esprit n'est pas sérieux s'il veut atteindre ou éviter un but quelconque. Mais qu'est-ce alors que le sérieux? Pour le savoir, il faut avoir conscience du fait que notre esprit se tourne vers l'intérieur ou vers l'extérieur dans le but de se réaliser, de devenir ou d'obtenir quelque chose. C'est cette conscience lucide qui permet à l'esprit de découvrir ce que signifie être sérieux. Et cette connaissance est illimitée. Les cieux sont ouverts à l'esprit qui apprend.


— J'ai énormément appris au cours de cette conversation, dit sa compagne, mais serai-je capable de continuer à apprendre sans votre aide?


Avez-vous conscience de la façon dont vous vous bloquez? Je me permettrai de vous faire remarquer que vous êtes avide d'un avantage et que c'est cette avidité qui empêche le mouvement de la connaissance. Si vous aviez eu une conscience lucide de la signification de ce que vous ressentiez et disiez, cela aurait ouvert la porte à ce mouvement. Il n'est pas de connaissance ultérieure, on apprend tout simplement au fil des jours. La comparaison ne se produit qu'à partir du moment où il y a accumulation. Mourir à tout ce que vous avez appris, c'est cela apprendre. Cette mort n'est pas un acte final: c'est mourir au moment qui passe, d'un instant à un autre.


— J'ai vu et j'ai compris, et de tout cela naîtra la fleur de la bonté. - Jiddu Krishnamurti


Note 45 - Que signifie être sérieux ? - Commentaire sur la vie tome 3

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