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Les comparaisons

Nous ne cessons de mettre en regard ce que nous sommes et ce que nous devrions être. Ce qui, selon nous, « devrait » être est notre idée, projetée, de ce qui « doit » être. Toute comparaison entraîne une contradiction, non seulement entre deux personnes ou entre une personne et un objet, mais entre ce qu'on était hier et ce qu'on est aujourd'hui, donc il v a conflit entre ce qui a été et ce qui est.


Ce qui « est » n'a de réalité pour nous que lorsque nous vivons en sa présence, sans nous livrer à aucune comparaison. C'est alors que nous pouvons paisiblement accorder toute notre attention à ce qui se trouve en nous: désespoir, laideur, brutalité, peur, anxiété ou solitude, et vivre avec, complètement. Ayant enfin aboli les contradictions, nous échappons aux conflits.


Mais nous ne cessons de nous comparer à ceux qui sont plus riches, plus brillants, plus intelligents, plus célèbres, plus ceci ou cela que nous.


Ce « plus » joue un rôle extrêmement important dans nos vies. Cette habitude de nous mesurer toujours à quelque chose ou à quelqu'un est une des principales causes de nos conflits. Pourquoi nous comparons-nous toujours à d'autres? Pourquoi ce sens de comparaison est-il ancré en nous? On nous l'a inculqué depuis notre enfance. Dans chaque école, « A » apprend à se comparer à « B », et se détruit en s'efforçant d'être l'égal de « B ».


Lorsque ce processus de comparaison est absent, lorsque l'on n'a ni idéal ni opposant, c'est-à-dire aucun facteur de dualité, et que l'on cesse de lutter pour devenir autre que ce que l'on est, que se produit-il en nous? Ayant cessé de créer notre opposant, notre intelligence et notre sensibilité s'aiguisent ; ayant cessé de lutter, nous ne dissipons plus l'énergie vitale qui est passion ; nous sommes devenus capables de cette passion immense, sans laquelle rien ne se fait.


Si l'on ne se compare à personne, on devient ce que l'on est. A l'imitation de quelqu'un, on espère évoluer, s'élever en intelligence et en beauté. Y parvient-on? La « réalité » est ce que vous êtes ; vous fragmentez ce fait par des comparaisons ; mais le regarder sans se référer à autrui confère l'immense énergie qu'il faut pour le voir. On se trouve alors au-delà du champ des comparaisons, non que l'esprit soit devenu stagnant de contentement ; il a compris en essence comment il dissipe l'énergie vitale si nécessaire pour pénétrer la vie dans sa totalité.


Je ne veux pas savoir avec qui je suis en conflit. Je ne veux pas connaître les conflits périphériques de mon être. Je veux savoir pourquoi les conflits existent. Lorsque je me pose cette question, je découvre en moi une cause fondamentale qui est toute différente des éléments périphériques des conflits et de leurs solutions. C'est cette essence centrale qui m'intéresse, et je vois – peut-être le voyez-vous aussi? – que la nature même du désir, si elle n'est pas bien comprise, conduit inévitablement à des conflits.


Chapitre 7 - Les rapports humains ; Les conflits ; Le social ; La pauvreté ; Les drogues ; La dépendance ; Les comparaisons ; Les désirs ; Les idéaux ; L'hypocrisie. - Ce libérer du connu – Jiddu Krishnamurti (1895-1986)

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