L'espoir
Question : L’espoir que le lendemain résoudra nos problèmes nous empêche de voir l’urgence absolue du changement. Comment traiter cette question ?
Krishnamurti :Qu’entendez-vous par avenir, qu’est-ce que c’est ? Si quelqu'un est très gravement malade, le lendemain a un sens : il pourrait lui apporter la guérison. On doit donc demander : qu'est-ce que ce sens de l’avenir ? Nous connaissons le passé, qui est le mouvement opposé, et nous y vivons ; le passé, traversant le présent, se modifiant, avance vers ce que nous appelons le futur.
Tout d’abord, sommes-nous conscients de vivre dans le passé — un passé qui se modifie toujours, s'adapte, s’étend et se contracte, mais demeure le passé — l’expérience, la connaissance, la compréhension passées, l’enchantement passé, le plaisir devenu le passé ?
Le futur est le passé modifié. Ainsi, l’espoir de l’avenir est encore le passé avançant vers ce qu’on considère l’avenir. L’esprit ne sort jamais du passé. Le futur est toujours l’esprit agissant, vivant, pensant dans le passé.
Qu'est-ce que le passé ? C'est le patrimoine héréditaire de la race, le conditionnement en tant qu’hindouiste, bouddhiste, chrétien, catholique, Américain, etc. C’est l'éducation reçue, les expériences vécues, les blessures, les jouissances sous forme de souvenirs. C’est cela, le passé. C’est l'état conscient de quelqu’un. Cette conscience peut-elle disparaître avec tout son contenu de croyances, de dogmes, d’espoir, de crainte, de désir ardent et d’illusions ? Par exemple, peut-on mettre fin, ce matin, complètement, à sa dépendance d’un autre ? La dépendance fait partie de la conscience.
Dès qu’elle se termine, il est évident que c'est le début d’une chose nouvelle. Mais on ne met jamais terme à quoi que ce soit complètement et cette absence de fin constitue l’espoir. Peut-on percevoir la dépendance et ses conséquences et y mettre fin intérieurement, psychologiquement? Voyez ce que signifient la dépendance, ainsi que l’action immédiate pour y mettre fin.
Et maintenant, doit-on se débarrasser peu à peu du contenu de sa conscience ? En d’autres termes, se défaire de la colère, puis de la jalousie, petit à petit ? Cela prendrait trop de temps. Ou bien la chose peut-elle se faire instantanément, immédiatement ? Prendre le contenu de sa conscience et le vider, pièce par pièce, demandera plusieurs années, peut-être toute une vie. Est-il possible de voir ce contenu en entier et de le faire disparaître — ce qui est assez simple si on s'y met ? Toutefois, notre esprit est ainsi conditionné que nous nous accordons du temps comme facteur de changement. - J.K.
Note 11 – L'espoir - Questions et réponses