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L'illumination

Question: Qu’est-ce que l’illumination?

Etre illuminé à propos de quoi ? Soyons rationnels, je vous en prie. Par exemple, on est illuminé sur sa relation avec une autre personne. En d'autres termes, on a compris que ce rapport se fonde sur l’image qu’on s’est faite de cet autre, si intime soit-il. Cette image s’est édifiée pendant plusieurs années au cours desquelles il y a eu constamment des réactions, de l’indifférence, de bons moments, des récriminations, tout ce qui se passe entre un homme et une femme. Ainsi, le rapport s’établit entre ces deux images. C’est ce qu’on appelle une relation. Si on en perçoit la vérité, on dit qu'on est illuminé à ce sujet. Ou bien on l’est sur la violence; on voit clairement, sans déformation, tout le mouvement de la violence. Ou bien on voit comment naît la peine, et dès qu’elle prend fin, cela indique qu’on a été illuminé là-dessus. Mais nous n’entendons pas cela. Nous entendons autre chose : je suis illuminé, je vous en parlerai, venez à moi.


Si nous examinons ce qu'est l'illumination, la voix de la vérité, alors nous devons étudier soigneusement la question du temps. Les gens soi-disant illuminés ont dit qu'on atteint cet état au fur et à mesure que le temps passe, progressivement, vie après vie — si vous croyez à la réincarnation — jusqu'au moment où on en arrive au point d'être illuminé sur tous les sujets. Ils disent que c'est un processus graduel d’expérience, de connaissance, un mouvement constant du passé au présent et au futur — un cycle. L'illumination, le but suprême, est-elle une question de temps ? L'est-elle ? Est-ce un processus progressif, ce qui signifie qu'il se déroule dans le temps, un processus d'évolution, un devenir graduel ?


Nous devons com­prendre la nature du temps, non du temps chronologique, mais de la structure psychologique qui a accepté le temps : « j'espère finalement y arriver ». Le désir, qui fait partie de l'espoir, dit : « je finirai par y arriver». Les gens qu'on prétend illuminés ne le sont pas ; pour le moment, ils disent : « je suis illuminé » sans l'être. C’est leur vanité, comme un homme qui dit : « je suis vraiment humble » — quand une personne prononce ces mots, vous savez ce qu'elle est.


L'humilité véritable n'est pas le contraire de la vanité. Quand la vanité prend fin, il y a humilité. Ceux qui se prétendent illuminés affirment qu'on doit atteindre cet état pas à pas, pratiquer une chose, faire ceci et non cela; devenez mon élève, je vous dirai ce qu'il faut faire, je vous donnerai un nom indien, ou un nouveau nom chrétien, etc. Et vous, être humain irrationnel, vous acceptez cette absurdité. Alors, demandez-vous, qu'est-ce que cette illumination suprême ? Un esprit qui ne s'encombre d'aucun conflit, d’aucun effort soutenu, d'aucun besoin de progression, ni de mouvement ni de réussite.


On doit comprendre cette question de temps psychologique, le devenir ou non-devenir constants, qui sont pareils. Lorsque ce devenir s'enracine dans l'esprit, il conditionne toute votre pensée, toute votre activité; alors, il s’agit d'utiliser le temps comme moyen de réussite. Mais le devenir existe-t-il ? Je suis violent, je veux être non-violent. Cela signifie que devenir est une idée. Je suis violent et je projette l’idée de ne pas être violent, alors je crée la dualité : le violent et le non-violent — d'où conflit. Ou bien je dis : « je dois me maîtriser, je dois réprimer, ana­lyser, aller chez un psychologue, avoir un psychothérapeute ».


Sans créer de contraire, le fait est la violence. Le fait. La non-violence est un non-fait. Si vous percevez la vérité, c’est-à-dire si je suis violent, le concept de non-violence fait naître ce conflit entre contraires — alors le non-fait n’a pas de valeur. Observez tout le mouvement de la violence, de la colère, de la jalousie, de la haine, de la compétition, de l’imitation, du conformisme, sans aucune direction ni motif. Si vous faites cela, vous verrez la fin de la violence, ce qui est perception et action immédiates.


Ainsi, on peut voir que l’illumination, le sentiment de l’ultime réalité n’est pas une question de temps. Ceci va à l’encontre de toute la psychologie du monde religieux, des chrétiens avec leurs âmes et leurs sauveurs, leur but suprême. La perception, c'est l'action, ce n'est pas : perception, intervalle, puis action. Pendant l’intervalle naît l’idée. L’esprit, le cerveau, toute la structure nerveuse et psychologique de l’être humain peuvent se libérer de ce fardeau du temps, d'un million d'années, afin de percevoir clairement quelque chose — par conséquent cette action est invariablement immédiate. Elle sera rationnelle, non irrationnelle. Elle peut être expliquée de façon logique et sensée. Cette chose ultime qui est la vérité, ne peut s'accomplir au fur et à mesure que le temps passe. Elle ne peut jamais s’accomplir. Elle est là ou elle n'est pas là. - J.K.


Note 33 – L'illumination - Questions et réponses

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